Pendant le confinement, alors que les médias nous parlaient de masques et de victimes, un certain nombre de changements sociétaux néfastes se sont opérés qui pourraient bien n’être pas réversibles. Attaques des lobbies contre l’écologie, renforcement des pouvoirs, dématérialisation accélérée de la société… si nous n’y prenons pas garde maintenant, l’expérience forcée de ce monde moins humain et plus surveillé risque de se poursuivre.
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Les magiciens connaissent bien la méthode : détourner l’attention pour faire des choses qui ne doivent pas être vues. Or, pendant deux mois, confinés et focalisés sur le coronavirus, n’avons-nous pas été des spectateurs faciles à tromper ?
J’ai relevé un certain nombre de glissements politiques, légaux ou commerciaux, qui ne vous auront peut-être pas échappé – n’hésitez pas à commenter en bas de l’article pour en signaler d’autres. Des glissements opérés en douce, « en loucedé » comme on dit, souvent avec la bonne excuse de l’épidémie ou du confinement, et qui pourtant risquent bien de n’être pas réversibles.
Les acteurs de l’économie de première nécessité n’ont pas été les seuls à s’activer durant le confinement. Divers groupes d’influence se sont empressés de placer leurs pions pour favoriser leurs propres intérêts dans le « monde d’après », quitte à desservir la majorité des citoyens. Mouvements affichés ou largement inaperçus, parfois retours en arrière et parfois prétendus progrès, tous constituent selon moi un recul des libertés citoyennes ou de la protection de l’environnement. Bref, ça a tiré dans tous les sens, je vous en propose un rapide tour d’horizon.
Je rejette une vision complotiste, qui tiendrait le confinement comme ayant été un moyen pour mettre en œuvre de tels changements. Je crois simplement que les guerres d’influence battent leur plein en période de crise, et que les puissants se sont bien rappelés que le malheur des uns peut faire le bonheur des autres.
C’est en sortie d’épidémie qu’il nous faut être les plus vigilants pour la sauvegarde de nos droits et de notre planète, notamment en nous assurant de la levée des mesures indésirables soi-disant temporaires.
Levée ou menace des acquis écologiques
Dès fin mars, le président américain Donald Trump profitait du contexte confus pour déboulonner une norme automobile anti-pollution établie par son prédécesseur Barack Obama. Cette norme imposait aux constructeurs une baisse de consommation de carburant de 5% par an jusqu’en 2026 pour les voitures neuves, baisse ramenée à 1,5% par an, avec comme souvent l’alibi du pouvoir d’achat.
Moins visible mais tout aussi agressive : l’attitude des lobbies industriels européens contre les normes environnementales, attitude dénoncée entre autres par l’architecte Philippe Chiambaretta dans une tribune du Monde, mais aussi par le député Matthieu Orphelin. Ainsi, au nom de la défense de l’industrie et de la reprise, des grandes organisations patronales telles que le MEDEF, l’AFEP et BusinessEurope se fendaient dès début avril de lettres aux autorités européennes et françaises, réclamant un assouplissement ou une pure levée de dispositions énergétiques et environnementales considérées comme des freins économiques.
Les lobbies industriels tentent de profiter de la crise pour lever les dispositions énergétiques et environnementales
Je vous invite à consulter l’article du journal indépendant Reporterre, qui rend tous ces documents accessibles en ligne, et révèle également de telles autres actions dans le transport, l’agro-industrie et l’aviation : FNSEA, Bayer, producteurs de viandes, constructeurs automobiles… vous verrez, ça a tiré dans tous les sens !
Parmi ces guerres d’influence dénoncées par Reporterre, il y a celle des industriels du plastique. Quand on craint la contamination virale, jeter les emballages et contenants est un geste rassurant. C’est ainsi que les plastiques à usage unique ont refleuri récemment dans les commerces, malgré des interdictions décrétées en France depuis 2016 notamment pour les sacs de caisse. Or, les études scientifiques ont montré que le SARS-CoV-2, ce virus qui nous inquiète, pouvait survivre plus longtemps sur les surfaces plastiques (trois jours) que sur du carton ou du papier (vingt-quatre heures). En prenant la fausse excuse de l’hygiène, les acteurs de la plasturgie se livrent donc à une pure manipulation de l’opinion publique pour favoriser leurs intérêts économiques.

Ce qu’espèrent ces industriels, c’est annuler ou repousser l’application de règles environnementales qui contraignent leurs affaires, comme la toute fraîche loi anti-gaspillage du 10 février 2020 en France qui promeut l’économie circulaire (loi bien expliquée dans ce dossier). Les stratégies des lobbies pour transformer ce « retour en force » en « retour en grâce » sont bien analysées dans ces deux articles du Monde et de l’association ZeroWasteFrance.
Un ami qui habite à San Francisco me confirmait récemment ce que les médias américains rapportent : alors que la ville a été pionnière en interdisant les sacs plastiques à usage unique dès 2007, suivie par toute la Californie en 2014, ceux-ci ont fait leur retour dans les commerces, toujours avec le prétexte de la crise sanitaire.
Bonne nouvelle peut-être : la Commission Européenne paraît capable de rester droite dans ses bottes face au chantage économique des industriels, du moins en paroles et dans le cas des plastiques, où elle rétorque que les mêmes contraintes strictes d’hygiène s’appliquent aux matières de substitution, et rappelle les exceptions en vigueur pour le domaine médical.
Par ailleurs, une autre dynamique néfaste semble être à l’œuvre, celle du rendez-vous raté. À l’heure où les États interviennent pour sauver des grandes entreprises (typiquement Renault, Air France ou Vallourec dans l’Hexagone), et se retrouvent donc en position de force, c’est le moment où jamais d’imposer à celles-ci de réelles contreparties écologiques, notamment pour orienter leur développement à long terme vers un plus grand respect de l’environnement. C’est ce qu’explique très bien Jean-Marc Jancovici avec son image du maître nageur (à 54’18 de cette vidéo). Malheureusement, les récentes négociations semblent ne pas prendre cette direction.
On le voit bien, c’est toute la place de l’écologie dans l’économie post-Covid qui est en train de se jouer, et les dangers de régression sont grands. Soyons donc attentifs à ce qui se passe, informons-nous, ne nous laissons pas manipuler sous prétexte de crise. Individuellement, agissons dès que nous le pouvons. De petites actions quotidiennes, sans suffire, y participent, comme par exemple refuser les sacs, touillettes à café, pailles ou coton-tiges en plastique pour s’opposer à ce jeu des lobbies.
Traitement des dossiers difficiles
Puisque la population regarde ailleurs, nombre de dirigeants politiques ont tenté de faire passer discrètement leurs « dossiers difficiles ».
Cela a été vrai à l’échelle locale, où certaines autorités semblent avoir profité du confinement pour accélérer les enquêtes publiques de projets contestés, alors que la capacité d’action et de discussions des citoyens était fortement restreinte. Le journal Reporterre rapporte ainsi quatre exemples de projets qui risquent de passer en force, sans l’avis de la population : l’élargissement de la route Centre-Europe Atlantique (RCEA) dans l’Allier, la future ligne de métro 18 du Grand Paris Express, la centrale électrique du Larivot en Guyane, et une usine à frites dans le port de Dunkerque.
Cela s’est vu également à des échelles nationales ou internationales. En Algérie, les mesures de confinement ont mis un coup d’arrêt au rituel du Hirak. Ce mouvement populaire de protestation, matérialisé par des manifestations hebdomadaires depuis février 2019, revendique plus de libertés, justice, dignité, et met en avant les droits des femmes. Profitant de la désorganisation brutale du mouvement, les autorités procèdent à des arrestations et condamnations expéditives de membres actifs du Hirak, mais aussi renforcent la censure des médias sous prétexte de combattre les infox sur l’épidémie. La crise sanitaire semble donc fournir au gouvernement algérien une occasion inespérée de faire taire les contestations qu’il ne parvenait pas à étouffer depuis un an.
Quant aux mouvements migratoires vers l’Europe, le fait que les médias aient arrêté d’en parler du jour au lendemain ne doit évidemment pas laisser croire qu’ils se sont aussi arrêtés du jour au lendemain. Ainsi, Malte, débarrassée des projecteurs médiatiques, aurait affrété en avril trois chalutiers privés afin de repousser des migrants au large de ses côtes, selon une enquête du New York Times reprise par Media Part. Bien que le gouvernement maltais se réclame d’un rôle de protecteur des migrants, prétendant que l’opération a été coordonnée avec la Libye pour assurer aux migrants des conditions d’accueil plus décentes que la crise actuelle ne le permet à Malte, on peut imaginer qu’une telle opération avait d’autres motifs et n’était pas un acte ponctuel.
Renforcement de pouvoir et surveillance des citoyens
Notre Chirac national en savait quelque chose : quand les dirigeants politiques sont rattrapés par leurs casseroles, leur meilleure défense est de s’accrocher au pouvoir. La pandémie de coronavirus n‘est pas vue comme une chance que par le gouvernement algérien, mais aussi par Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien en place depuis onze ans et attendu en procès pour corruption, malversation et abus de confiance. En poste intérimaire depuis près d’un an, il s’est empressé dès la mi-mars de geler le système parlementaire et judiciaire du pays, retardant ainsi son éventuel départ.
En parallèle, une surveillance de masse des citoyens a été mise en place. Les services secrets israéliens auraient désormais accès aux données de tous les téléphones portables du pays, sans l’accord de la justice. Officiellement pour suivre et contrôler la progression du coronavirus. Or, une fois que de telles collectes de données ont eu un feu vert, comment savoir si elles cesseront après la crise ?
Enjeux similaires en Russie, où Vladimir Poutine s’efforce de modifier la Constitution pour rester légalement au pouvoir jusqu’en 2036. Si le dirigeant russe a déjà pu réaliser le 10 mars un « hold-up constitutionnel », selon les mots de l’ancien ambassadeur Michel Duclos, la faible confiance des citoyens dans l’État pourrait cependant contrecarrer ses plans. D’autant plus alors que les malades continuent d’affluer dans un système médical connu pour être en état déplorable.
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a vu son pouvoir officiellement renforcé par un vote d’urgence du gouvernement, entraînant son pays dans toujours plus de verticalité et d’autorité. Le dirigeant n’a pas répondu aux objections juridiques formulées à son encontre, préférant balayer sous prétexte d’urgence sanitaire les mises en garde du Conseil de l’Europe. Un ami hongrois, qui a choisi depuis des années de vivre hors de son pays, me disait toutefois estimer qu’en pratique cette décision ne changerait rien, puisque Viktor Orban a déjà la majorité parlementaire de son côté, et que par ailleurs une grande partie de la population, notamment les jeunes, est désengagée de la politique. La souveraineté du peuple semble donc être une lointaine réalité en Hongrie.

Quant à la France, où l’on se vante de ne pas risquer d’instaurer de mesures comme celles israéliennes, la question de la surveillance des citoyens et du recul des libertés ne s’est pas moins posée, ainsi que celle des abus de pouvoir en temps de crise. Les débats sont suffisamment vifs et je n’ai pas d’opinion à y ajouter.
En revanche, je souhaite souligner une question plutôt intéressante, introduite par les mesures de prévention contre une deuxième vague de l’épidémie : les technologies numériques sont-elles capables d’assurer simultanément une analyse de données personnelles à l’échelle de la population et la totale anonymisation de ces données ?
Un concept pertinent, et peut-être trop méconnu, est celui de la privacy by design, ou « Protection de la vie privée dès la conception ». Depuis des années, des concepteurs d’outils et produits numériques s’attachent à développer des matériels et des méthodes de traitement capables de respecter intrinsèquement l’identité des utilisateurs sur lesquels portent les données. Un exemple général est celui des puces de sécurité dédiées, développées sur certains smartphones. Il s’agit de stocker des données de sécurité – typiquement le mot de passe de déverrouillage – dans de petits composants électroniques séparés du microprocesseur central, qui ne sont lisibles que localement dans le smartphone, et donc pas accessibles à distance par un serveur.
Prenons comme autre exemple possible de privacy by design les caméras de la RATP comptabilisant les ports de masques à la station parisienne Châtelet, et déjà opérationnelles à Cannes. L’entreprise DatakaLab qui les gère assure que tout le traitement des images se fait au niveau de la caméra, et que seules des données de comptage sont transmises au-delà de la caméra – c’est techniquement possible, faut-il pour autant les croire ? Ce déploiement spécifique de quelques caméras s’inscrit néanmoins dans une claire tendance de la RATP à scruter toujours plus les faits et gestes de ses usagers, grâce à ses quelques 50 000 caméras déjà présentes. La crise actuelle risque de donner un coup d’accélérateur à cette tendance, et on ne sait pas quelles garanties sont données aux usagers.
Concernant le fonctionnement du protocole de données derrière l’appli StopCovid, je vous invite à lire la clarification de Bruno Sportisse, le PDG de l’Inria, institut de recherche français en informatique. La France a des spécialistes reconnu(e)s en informatique, mathématiques, sociologie et éthique, espérons qu’elle saura faire un usage raisonné des technologies.
Donc, traitement de données personnelles ne veut pas automatiquement dire risque d’exploitation abusive des données, et le débat me semble intéressant. Après, quant à savoir si ces principes sont réellement appliqués, c’est une tout autre question, et même si c’est le cas au début, le risque d’un discret changement de pratiques est inévitable. Debout dans la rue face à une caméra, le doute subsistera toujours…
En revanche, les pratiques d’Orange, tant décriée au début du confinement pour avoir traqué ses utilisateurs par géolocalisation, ne m’indignent pas spécialement, ou plutôt, je devrais dire, pas plus que d’habitude. Un tel suivi est techniquement possible depuis bien des années, les opérateurs téléphoniques n’ont pas attendu l’épidémie pour y recourir. Pour les gens qui ne l’ont réalisé qu’en 2020, il était grand temps de se réveiller.
Toujours plus dématérialisé
Dernier point que je souhaite aborder : le confinement nous a grandement rapprochés d’un monde dématérialisé, ce qui pose non seulement des problèmes de respect des données personnelles comme évoqué à l’instant, mais aussi des problèmes de liberté des citoyens en général.
Pour motif d’hygiène, les clients et les commerçants ont préféré ces dernières semaines le paiement en carte bancaire sans contact plutôt qu’en espèces. Ce réflexe se comprend bien, or les banques ont sauté sur l’occasion pour accélérer le relèvement du plafond de paiement sans contact de 30 à 50 euros, prévu pour 2021 mais désormais effectif depuis ce lundi 11 mai 2020. Ce pas stratégique – on ne peut plus innocent puisqu’il est présenté comme réclamé par les utilisateurs – ne fait selon moi que nous rapprocher d’une dématérialisation totale de la monnaie, et donc d’une dépendance totale des citoyens à leurs banques.
Le mouvement progresse depuis des années, et le jour où nous n’aurons plus ni pièces ni billets, où tout se paiera par carte bancaire ou par application smartphone comme c’est déjà largement le cas en Suède, absolument tout échange monétaire pourra non seulement être fiscalisé, mais aussi surveillé ou empêché par les banques. Sans parler des risques de cyberattaque nationale, une personne pourra être privée en un clic de toute capacité de paiement, et par ailleurs cela risquera de tuer ou phagocyter les échanges spontanés et informels entre amis, voisins, ou dans le cadre d’activités associatives. Notre souveraineté du paiement est selon moi un aspect crucial des libertés citoyennes, et je ne crois pas que les cryptomonnaies offrent une solution viable. Je consacrerai un ou deux articles à ce sujet prochainement.
Pour l’heure, ni Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, le Huffington Post ou Les Echos ne s’émeuvent du péril, se contentant de recopier la dépêche AFP qui insiste sur l’aspect technique du déploiement de la mesure. Je n’ai rien trouvé non plus chez Mediapart. Et la brève objection soulevée par Ouest France est aussitôt dissipée par un responsable du Groupement des Cartes Bancaires : « Cette augmentation ne doit pas être perçue comme une future disparition des espèces, pas du tout. » Si on nous le dit, alors tout va bien, on est tranquillisés.
En temps de confinement, nombre d’échanges humains ont glissé du monde physique vers le monde virtuel. Des nouvelles prises par téléphone plutôt qu’en face à face, des apéros en visioconférence, des séminaires à distance, des entretiens par écran interposé, des commandes par téléphone ou Internet pour les fruits et légumes du marché… les sphères privée, publique et professionnelle sous toutes les coutures y ont eu recours. Alors qu’il est réjouissant de voir que les humains gardent contact pendant la crise, cette facilité qu’offrent les technologies numériques est dangereuse, car elle nous isole physiquement et nous risquons de garder ces habitudes en sortant du confinement.
Le confinement a pu nous donner un avant-goût d’un monde du tout numérique-tout robotisé
Le philosophe et professeur Bruno Latour, dès le 3 avril, exprimait par exemple sa crainte que les universités prennent goût à des cours sans professeurs physiques, sans lieux, sans salles de classe, et imposent à l’avenir une relation professeur-élève par visioconférence, qu’il juge « particulièrement épuisante et déprimante » (à 14’15 de cet entretien sur France Inter).
Quand il est professionnellement possible, le télétravail a certes du bon, on ne saurait le nier. Les employé(e)s qui l’ont découvert ces derniers mois ont dû apprécier des journées plus flexibles, moins de temps dans les trajets voire les bouchons, un environnement pour certains plus propice à la concentration, ou encore des journées passées en pyjama ! Cela dit, le contact des collègues, l’ambiance de l’équipe ou du lieu qui peut motiver ou réconforter, la meilleure qualité des échanges en face à face, ont dû manquer également.
Tout l’enjeu me semble être de trouver le bon dosage de télétravail, entre liberté et contrainte, entre flexibilité et esseulement, entre espace et entassement. À chaque entreprise, chaque association, chaque administration, chaque équipe de trouver l’équilibre qui lui convient, sans oublier de remettre de la chaleur humaine dans son travail.
Si l’on prend l’exemple des métiers de conseil, les clients ces dernières semaines ont dû accepter les missions à distance, qui ont évité des déplacements et réduit les volumes horaires nécessaires. Les consultants doivent être tentés de généraliser ces pratiques, au motif qu’elles sont bénéfiques pour l’atmosphère (moins de CO2) comme pour la facture du client, auquel ces coûts sont refacturés. Or, la présence physique est un élément important pour établir la confiance consultant-client, et la visioconférence ne permet qu’une communication moins riche, moins spontanée, moins authentique. Il s’agit désormais de trouver un juste compromis entre physique et virtuel.

En réalité, le confinement a brutalement accéléré la dématérialisation des échanges humains, sans nous laisser le temps de réfléchir à ce que nous souhaitons ou acceptons.
Nous avons eu un avant-goût d’un monde du tout numérique-tout robotisé, où chacun reste chez soi, travaille par ordinateur et téléphone, s’entretient avec ses amis à distance, rencontre l’âme sœur via une application, se distrait par des écrans, et regarde par sa fenêtre le vieux monde physique où il ne fait pas bon sortir. Angoissant, non ? Pourtant c’est bien ce que vient de vivre une partie de la population. Depuis des années, nous glissons par petites touches vers un tel monde dématérialisé et déshumanisé, et voilà que nous avons bondi de dix ou vingt ans d’un coup.
Je demande donc : de qué volèm? Qu’est-ce que nous voulons ?
Ne laissons pas les mauvaises habitudes s’installer. Ne cédons pas à toujours plus de facilité et toujours moins de chaleur humaine. Préférons-nous que les marchés alimentaires disparaissent, au motif que commander en ligne et se faire livrer par son maraîcher est plus pratique ? Préférons-nous ne jamais connaître nos collègues, nos professeurs/élèves, que par écrans interposés ? Préférons-nous que tout notre argent n’existe que sur un serveur informatique, et puisse être supprimé en une microseconde ?
Nous qui sortons de confinement, ne soyons pas obnubilés par « rattraper le retard », regardons bien ce qui se passe autour de nous. Réveillons-nous dans le bon sens.
Et il faut compter sur de nombreux obstacles sur notre voie. Alors que certaines entreprises viennent de se tailler des parts de lion dans leurs marchés, comme Zoom pour la visioconférence, il est clair que celles-ci vont tout faire pour maintenir leur chiffre d’affaires, en tentant de « verrouiller » leurs clients et utilisateurs dans les habitudes récemment acquises.
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